Nuit Blanche Amiens 2010

Publié le par Presse indéPicarde

 

 

Quatrième édition de "Nuit Blanche" ouverte par Alain David et Thierry Bonté en présence des représentants de Brighton, de Mayenne et des artistes .Alain David ne nous promet "que du bonheur" et Thierry Bonté "une nuit très "Hot" pour  un budget de l'ordre de 500 000 €. Amiens choisit le terme "Luminescence" pour faire plus créatif que "Illumination" de Brighton, sauf que la luminescence c'est de la lumière froide produite sans chaleur . Alors pour le Hot, il va falloir trouver un autre carburant que la lumière.
Le programme est alléchant tant dans le domaine des arts plastiques que de la musique. Quelle  réalité est au rendez-vous ? Vers 21 h00, moi et mon nain de jardin, sommes partis à la découverte des merveilles qu'on nous promettait.  Notre centre d'intérêt s'est porté sur les arts plastiques et nous avons tenté de restituer par l'image les principaux lieux que nous avons parcourus. Sentiments très variés quant à l'originalité, osons le dire, à la dimension artistique. L'excellence côtoie le convenu. A vous de juger.  YB

Ah oui, j'oubliais que mon nain de jardin qui m'accompagnait dans mon périple nocturne s'est mis en tête de nous faire part de ses impressions que vous trouverez plus bas.

Ne pas rater l’événement.., une nuit blanche, comme à Pââris …offerte aux amiénois, un-peu-avec-leurs-impôts-me-direz-vous , en tous cas, pensée pour eux avec soin, depuis des mois…
…. Sympa cette initiative, vraiment :  une manière de nous remplir d’énergie avant le grand saut dans le noir de l’hiver, de remonter le moral des troupes en ces périodes de combat .
Les artistes nous parlent de notre condition d’homme, n’est-ce pas, et changent notre regard sur le monde ? une nuit blanche pour changer le monde…On y va…étirer donc la soirée jusqu’à l’extinction des feux, rencontrer des amis, peut être, et dénicher dans des lieux revisités  ce que les programmateurs de cet événement nous ont concocté  cette année…
J’avance vers l’hôtel de ville, et là, splendeur …des lampes de bureau, sûrement échappées de je ne sais quel cabinet municipal,  prises de démesure, trônent géantes, posées là, un peu comme des nains de jardin dans la cour, qu’elles éclairent en rouge et vert.. quelques passants s’y arrêtent un instant, le temps de poser pour la photo…clic clac, d’essuyer leur bouche d’un revers de manche et de repartir la bouteille de vin à la main ….ou dans la poche…mais pourquoi se saoulent –t-ils pensais-je ?

Un peu déçue, ma déambulation m’entraîne ensuite naturellement vers la maison de la culture …ah mais …des nains de jardin, il y en a là aussi….sauf que ce sont ni des nains, ni de jardin,  mais deux chats géants… Je dois être dans un rêve, pensais-je, de Lewis Caroll bien sûr…
 Evidemment, ça fait son effet ce rapport d’échelle : deux chats géants, décidément, devant notre MCA.
 Le spectaculaire est sûrement dans l’agrandissement des objets, le sur-effet du kitsch, me disais-je …remontant la rue de la 2DB A moins qu’ « ils » aient voulu faire un Takashi Murakami, comme à Versailles...
Emerveillée, et par le remake, et par cette apparition de carton pâte sur le parvis, je  referme mon manteau pour affronter la nuit froide…je traverse le mail Albert premier et devine au loin une immense grue, là juste au dessus du cirque , et là tenez vous bien : une sorte d’anémone de mer , pas géante, ultra géante évolue dans le ciel noir d’Amiens…au dessus d’elle, une cage ? un lit ? un habitacle ?
non, zut ce n’est qu’un dispositif de projection … et devinez quoi…c’est trop magnifique, des images projetées au cœur de la bulle créent l’illusion d’images suspendues dans l’espace…Retraverser le mail, descendre vers la place Goblet…au square St Denis …une installation « allégorique de la stabilité » m’attend.
Il s’agit d’une sorte de mikado (géant-encore), constitué  de centaines de baguette de sapin posées là dans un désordre savamment équilibré.
  Une lumière rouge allume son centre comme un feu et attire l’appareil photo de quelques passants..  clic clac…
Bon …songe-je…regrettant l’extraordinaire spectacle de Johann Le Guillerm, le circassien,  lorsqu’il éprouvait son équilibre sur une installation progressive de poutres de bois .… Retour sur la place , je découvre, amusée, une série photographique qui revisite quelques sites amiénois emblématiques comme la tour bleue et la briqueterie. Eclatés et recomposés dans l’œil kaléidoscopique du photographe, à la fois détachés et liés à leur environnement de petites maisons de briques, les bâtiments deviennent et figures, et sculptures, parfois motifs…peut être effigies ...
un vrai point de vue de photographe qui déplace la perception habituelle de l’habitant et sa position dans la ville.
J’ai encore en mémoire, ce personnage en rouge posé en haut à gauche  de l’image dans un réseau de fils électriques… oiseau, note de musique, un déplacement poétique et insolite… une question d’un homme à l’homme  …
 C’est au Cloître Dewailly …que je me régale le plus. Une ruche d’artistes attend le public , une live painting de Thibault Papin, des installations de MC Quignon, dont Les belles endormies et les gisants de  Stéphanie Smallbeen, les têtes de poupées de J.François Petit Perrin.
Public et artistes échangent…racontent  et témoignent.
De troublants enlacements de cheveux déposés sur des petits coussins soyeux racontent l’imaginaire des  femmes du quartier Etouvie et leur intimité … histoires de cheveux qui font tant d’histoires,  pas seulement dans les contes… dans la rue aujourd’hui aussi…j’ai même cru voir la chevelure exhibée d’une Louise Michel, ou d’une femme sous son voile, mais j’ai du rêver.
Il est presque une heure du matin, il faut forcer un peu l’entrée du musée qui doit fermer. Rien de tel pour augmenter ma ténacité, je m’accroche donc  …Après deux, trois ruses, j’arrive à m’immiscer dans une file d’attente, au pied de l’escalier…Quelque chose à voir là haut, là haut, dans l’au-delà, au premier étage, rénové déjà…un scoop sans doute ?J’attends…ce que je n’aime pas trop d’ailleurs ,  mais j’attends, quoi au fait ?…Mon voisin me lit le bref descriptif dans le programme…que je ne comprends pas trop, trop alambiqué, ton universitaire… première année…
Enfin, on peut monter. Une nouvelle salle d’attente nous attend, avec revues et fauteuils…on se réchauffe un peu…on parle un peu entre nous…
et d’un seul coup je comprends : « installation interactive, œuvre collective : comment caractériser l’expérience que l’on fait de l’attente et des espaces qui lui sont consacrés ? » Je réagis tout haut sous l’œil amusé d’un des jeunes concepteurs du projet qui joue au gardien.
Le musée n’a rien à montrer puisqu’il est en travaux, juste à faire revivre, en miroir, ces instants de queues incroyables que nous sommes prêts à faire pour voir une exposition, mais pas seulement, pointer ces temps entre parenthèses, agaçants…pouvoir de l’un sur l’autre, du médecin sur son patient, de l’institution muséale sur le visiteur… ou nous offrir peut-être , un petit cadeau d’immobilité. Enfin, un arrêt !
Une non-œuvre qui ne coûtera pas chère au budget de nuit blanche…impertinence efficace…pas de nain de jardin, (nous peut-être), pas  d’effet de proportion, pas de paillette, de luminescence.
Juste un petit déplacement de sens, un éclairage.
Mais l’heure tourne…la lune monte …Descendre par la bibliothèque, rencontrer quelques humanoïdes luminescents qui parlent tout seul, clic clac, confrontation de solitudes… courir vers le coliséum, contempler l’éblouissante sculpture luminescente aussi, clic clac et terminer le périple à la maison du théâtre…d’abord dans une sorte d’antichambre emplie de vêtements de toute sorte accrochés à des fils à linge…C’est toujours chargé d’humanité le linge. Entrer ensuite dans une salle plongée dans le noir…Des  éclairs rapides et presque aléatoires redessinent rapidement la silhouette de mannequins transparents qui habitent le lieu…celles des visiteurs s’y mêlent…créant au fond de la salle une étrange danse d’ombres qui se dilate selon les déplacements des spectateurs… Nous sommes des ombres… dans l’ombre…à gesticuler autour de ces objets…pourquoi faire ?
 Nous attendons quoi d’une nuit blanche et des artistes ? zapper de luminescence en luminescence, de nain de jardin en nain de jardin  en picolant jusqu’au jour ?…Non, faire une nuit blanche, vous entendez ! ce n’est pas rien.
C’est un sacrifice... prendre sur ses forces  … C’est veiller pour un grand événement, une naissance, quelque chose comme ça…ou parce qu’on a mal quelque part…
Faire des choix et rentrer les nains de jardin, les néons les bulles en plastique, les grues et leurs anémones géantes .
Ne pas nous prendre pour des nains de jardin non plus.
Programmateurs …à méditer, on a mal quelque part , on veut faire une nuit blanche pour préparer quelque chose de grand et  sortir de l’ombre.   Atchoum (le nain de jardin)

Publié dans culture

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